Le livre dont le chapitre ci-dessous est extrait pose la question : Pourquoi la France a-t-elle connu une révolution démocratique et démographique, mais pas la Grande-Bretagne ? Mes recherches originales ont révélé des liens clés entre démographie, politique et autodétermination, mais la connexion entre ces idées est évitée dans les discussions politiques officielles. En publiant ces conclusions et un glossaire de termes de mon récent livre, je souhaite clarifier ces connexions et aider les gens à comprendre comment les dynamiques de population façonnent nos processus démocratiques. Des tabous similaires à ceux qui ont été imposés sur la contraception au XVIIIe siècle sont aujourd'hui imposés à la discussion sur l'immigration, qui est le mécanisme par lequel les populations sont incitées à croître en Occident. J'espère que ce travail informera et inspirera un dialogue plus large sur l'avenir des régimes de planification et de l'autodétermination.
CONCLUSIONS SUR LES RAISONS POUR LESQUELLES LA FRANCE A CONNU UNE RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ET NON LA GRANDE-BRETAGNE:
EXTRAIT DU CHAPITRE 21 DE LAND-TENURE AND THE REVOLUTION IN DEMOCRACY AND BIRTH CONTROL IN FRANCE PAR SHEILA NEWMAN, COUNTERSHOCK PRESS, 2024
Ce livre est inhabituel en ce qu’il a fourni, rassemblé, puis présenté une grande quantité de données pour étayer ses hypothèses, avant de formuler et tester ses hypothèses. Il a également utilisé plusieurs disciplines, dans l’esprit de la consilience. Il y avait donc plusieurs types de revues de la littérature : biologiques et sociales, incluant l’histoire, la démographie, ainsi que la tenure foncière et l’héritage.
L’utilisation de multiples disciplines est inhabituelle car la plupart des travaux de recherche s’appuient sur une base plus étroite de théories acceptées dans une seule discipline et supposent que le lecteur a une certaine familiarité avec le sujet. C’est une limitation de l’environnement académique, et c’est pourquoi ce livre a été écrit en dehors d’une institution académique.
Le matériel exceptionnellement détaillé a été fourni au lecteur parce que beaucoup de ces données n’avaient jamais été associées ou rassemblées auparavant.
Une grande partie du matériel a été traduite du français. Une grande partie de ce matériel, y compris certaines théories et l’histoire, était peu connue en dehors de la France.
Rendre ce matériel accessible au lecteur a conduit le livre à être quelque peu plus long qu’il ne l’aurait été autrement, ce qui explique en partie pourquoi le livre est divisé en cinq parties.
Un exemple de matériel généralement inaccessible en dehors de la France est la théorie de l’historien démographe français Jacques Dupâquier, qui soutenait que la fécondité elle-même est une variable endogène et un régulateur démographique, où une population visqueuse exige que les candidats au mariage puissent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, devant ainsi attendre des opportunités de mariage jusqu’à ce que des places se libèrent par des décès dans cette population. Dupâquier soutient que les opportunités de mariage, et donc les opportunités de fécondité, seraient retardées par une longue espérance de vie et une forte fécondité, et accélérées par une espérance de vie plus courte et une faible fécondité.
La théorie de Jacques Dupâquier présente des similitudes avec ma propre théorie écologique de la population, en ce sens qu’elle observe une forme de régulation automatique des taux de natalité dans les populations agricoles préindustrielles visqueuses. Cela se produisait par l’effet des taux de mortalité sur les opportunités de fécondité, les taux de mortalité affectant les disponibilités foncières nécessaires au mariage. Elle diffère de ma théorie en ce qu’elle ne prend pas explicitement en compte les règles d’évitement de l’inceste (souvent designé « tabou de l'inceste ») bien qu’elle le fasse implicitement. Elle se réfère aux disponibilités foncières plutôt qu’aux disponibilités territoriales (terme biologique) et se concentre uniquement sur les populations humaines, plutôt que sur plusieurs espèces.
Ce livre a apporté une contribution originale en utilisant les modèles démographiques, les systèmes de tenure foncière et d’héritage pour démontrer les causes des différences majeures entre la société et la politique françaises et britanniques. C’est peut-être la première fois que la question de savoir pourquoi la France a connu une révolution démocratique et pas la Grande-Bretagne a été examinée à travers ces domaines.
Le livre a également exploré le fait que la France a entamé une révolution démographique simultanément avec sa révolution démocratique. Ce fait est peu connu dans l’Anglosphère.
Il a lié les révolutions démographique et démocratique aux mêmes causes, les considérant comme des parties d’un même phénomène, constatant que la pensée démocratique s’exprimait également dans l’utilisation du contrôle des naissances.
Ce travail a comparé la France à la Grande-Bretagne et à certains autres pays. Il a démontré que la France avait une population beaucoup plus visqueuse que la Grande-Bretagne.
Il a montré que les populations contrôlées par des autorités pronatalistes avaient une forte fécondité, mais avec la suppression de l’influence de ces autorités pronatalistes – l’Église et la monarchie – les individus dans les populations visqueuses utilisaient le contrôle des naissances pour choisir la taille de famille qu’ils préféraient.
La France a été la première à démontrer cela dans l’Europe moderne précoce.
Le Canada français et l’Irlande ont été présentés comme des contrastes à l’expérience de la France continentale, en référence à l’absence de changement dans leurs conditions avant et après la Révolution française, avec la domination persistante de la monarchie et de l’Église.
Le livre a montré que lorsque l’influence de l’Église sur la plupart des institutions étatiques et des politiques a été supprimée au Canada français et en Irlande, à la fin du XXe siècle, ces deux pays ont finalement adopté le contrôle des naissances, entraînant des familles plus petites. Cette adoption a été beaucoup plus tardive que dans la plupart des autres pays de l’Anglosphère, comme l’Angleterre et le Canada britannique.
Avant la Révolution, l’autodétermination de la population du tiers état en France, malgré sa viscosité, était entravée par une caste supérieure tout aussi visqueuse, qui contrôlait les médias, les symboles, l’information, les idées, le droit, les punitions et l’expression de soi.
En France, les idées de la Renaissance, en particulier celles de la démocratie, ont érodé le pouvoir idéologique d’une caste élitiste de nobles laïcs et ecclésiastiques.
La Révolution a gravement interrompu ce pouvoir, et le républicanisme l’a encore affaibli.
L’augmentation de l’alphabétisation, la production relativement bon marché de matériel imprimé, la littérature des Lumières, la satire des autorités royales et ecclésiastiques, et la littérature romantique sexualisée ont contribué à la déchristianisation (affaiblissant l’autorité de l’élite), à l’utilisation croissante du contrôle des naissances et à la Révolution démocratique.
La recherche dans ce livre a suggéré que, dans le cas de la France :
- l’éclatement de l’élite dirigeante (laïque et ecclésiastique),
- la scission entre l’Église et la noblesse, à propos de la dîme,
- les petites presses d’imprimerie secrètes, qui
- donnaient accès à une littérature alternative,
- où des idées politiques et sexuelles alternatives étaient soulevées,
- ont permis une pensée indépendante au tiers état.
J’ai soutenu dans ce livre que la viscosité inhérente des populations françaises a permis aux mouvements au sein de celles-ci de s’auto-organiser et d’agir indépendamment des souhaits des élites oppressives.
- Les preuves se trouvent dans les activités révolutionnaires et républicaines continues de 1789 à 1871.
- Un effet a été l’utilisation croissante de la contraception avec des familles plus petites et une meilleure espérance de vie, malgré une augmentation des mariages, à partir de 1789.
Le cas britannique contrastait de nombreuses manières avec celui de la France.
- Bien qu’il y ait eu également un éclatement parmi son élite (démontré dans la guerre civile et autres conflits de succession), des presses d’imprimerie secrètes et une exposition à la littérature de la Renaissance et des Lumières,
- il manquait à la Grande-Bretagne la viscosité de la population des classes inférieures. Malgré de nombreuses tentatives de révolte, ces classes britanniques n’ont pas pu s’organiser efficacement contre les élites britanniques, plus visqueuses et donc mieux organisées, qui incluaient la bourgeoisie montante qui a pris le contrôle du parlement sous Cromwell.
- L’accès à une littérature politique et contraceptive alternative et à l’information était efficacement limité par les élites britanniques, tout comme les réunions et discussions politiques.
- Les classes inférieures britanniques et les minorités ethniques (comme les travailleurs gallois et les Irlandais non protestants) ne pouvaient pas organiser de mouvements révolutionnaires ou républicains à long terme en raison de leur propre atomisation, qui les rendait vulnérables au vaste réseau d’espions du gouvernement bien organisé.
- La seule organisation non conventionnelle en Grande-Bretagne qui a survécu à la loi sur les sociétés illégales (Corresponding Societies Act) de 1799 était la franc-maçonnerie, et elle a survécu parce qu’elle cultivait des politiques explicites de loyauté envers les valeurs du gouvernement et décourageait en son sein tout ce qui pourrait indiquer une sympathie pour les pauvres, le républicanisme, les idées anti-religieuses ou tout ce qui pourrait être associé au radicalisme. (L’utilisation de la franc-maçonnerie par l’établissement napoléonien aurait pu avoir un effet similaire, mais la chute de Napoléon aurait contribué à ce que la franc-maçonnerie française devienne une force anti-établissement.)
J’ai utilisé les concepts du dilemme du prisonnier et de la stratégie du donnant-donnant pour préparer mon argument selon lequel les populations à haute viscosité auraient une confiance plus élevée que celles à faible viscosité. Parce qu’elles avaient une confiance plus élevée, et aussi parce qu’elles partageaient un territoire et donc des intérêts locaux, elles seraient plus capables de s’organiser pour l’autodétermination que les populations à faible viscosité.
- Il y avait plus de confiance en France qu’en Grande-Bretagne parce que les populations françaises étaient plus visqueuses que les britanniques, en particulier dans le cas des classes inférieures.
- Les classes inférieures britanniques étaient sévèrement dispersées par le système britannique de tenure foncière et d’héritage, par les enclosures successives, par les guerres territoriales, dynastiques et religieuses, puis par l’industrialisation massive, l’immigration et l’émigration internes et externes, y compris le transport vers des colonies pénitentiaires.
- La population française avait des lois de tenure foncière et d’héritage qui favorisaient la viscosité de la population, et elle avait peu de guerres territoriales, dynastiques ou religieuses par rapport à la Grande-Bretagne, peu d’industrialisation, peu d’immigration ou d’émigration interne ou externe, et un nombre relativement faible de transports vers des colonies pénitentiaires.
- La plus grande viscosité de la population française lui a permis de mener une révolution sur plusieurs générations pour établir une république durable, de père en fils.
- Les réseaux de parenté des roturiers (le tiers état) pouvaient se faire confiance pour tenir à une cause commune. La viscosité réduisait l’anonymat et l’impunité. Malgré le fait qu’il y avait plus de mouvement de population dans les communautés urbaines françaises, ce mouvement était très lent par rapport à celui de la Grande-Bretagne, même à Paris, qui était un centre révolutionnaire majeur.
Les communautés rurales, bien qu’elles fussent également visqueuses, étaient plus susceptibles de faire confiance à l’Église et au roi et de prendre le parti royaliste. Cela était probablement dû à leur moindre accès à des institutions sociales alternatives et à des sources d’information pour contrer l’influence de l’Église et de son idéologie.
Conceptualisation et opérationnalisation de l’utilisation du contrôle des naissances comme indicateur de l’autodétermination démocratique :
Ma théorie écologique de la population suggérait que les populations visqueuses autodéterminées maintiendraient leurs populations dans les limites de la capacité de charge, en raison de la rétroaction biologique de la fécondité environnementale agissant pour sélectionner des algorithmes génétiques pour l’endogamie/exogamie et les règles de mariage.
La théorie de l’historien démographe français Jacques Dupâquier sur la fécondité elle-même comme variable endogène et régulateur démographique portait des implications similaires, soutenant ainsi la mienne.
J’ai également supposé que les méthodes de contrôle des naissances ont été utilisées depuis des temps immémoriaux.
J’ai émis l’hypothèse que l’utilisation généralisée de la contraception était un indicateur de l’autodétermination démocratique chez les Français, car ils avaient connu des taux de natalité élevés et une forte mortalité infantile sous l’Ancien Régime, ce qui décourageait le contrôle des naissances, mais ils ont commencé à utiliser la contraception avec enthousiasme lorsque la domination de la monarchie et de l’Église a diminué.
En utilisant les tests de Kevin McQuillan [1] pour déterminer quand la religion influence la fécondité, j’ai comparé le cas de la France post-révolutionnaire avec le Canada français, qui, loin du siège de la Révolution française, a maintenu une forte fécondité et un gouvernement autoritaire de l’Église jusqu’aux années 1960. J’ai également fait référence à l’Irlande comme un cas similaire et comparable au Canada français.
J’ai testé mon hypothèse selon laquelle l’utilisation généralisée de la contraception était un indicateur de l’autodétermination démocratique, dans ma comparaison de la France avec deux pays où les gens voulaient des révolutions démocratiques – le Canada français et l’Irlande catholique – mais qui n’ont pas réussi à les réaliser.
- Les populations du Canada français et de l’Irlande catholique étaient atomisées.
- Elles étaient toutes deux contrôlées par des classes dominantes de l’État et de l’Église.
- Ces conditions empêchaient l’autodétermination dans la population au sens large.
- Au Canada français et en Irlande catholique, l’Église et l’État continuaient de coopérer dans un gouvernement autoritaire, contrôlant la littérature, l’éducation et les symboles, interdisant et décourageant autrement l’utilisation de contraceptifs.
- La situation dans les deux cas répondait aux trois règles de Kevin McQuillan pour déterminer quand la religion influence la fécondité.
Les résultats de ces comparaisons ont soutenu mon hypothèse selon laquelle les populations visqueuses sont mieux à même de s’organiser politiquement pour leur propre bénéfice que les populations dispersées, ou, comme dans le cas de la France pré-révolutionnaire, même les populations autrement visqueuses, où les symboles, les politiques, les lois et la littérature sont contrôlés par une caste élitiste.
Transport et opportunités de fécondité :
J’ai également théorisé que les formes nouvelles ou améliorées de transport fonctionnent comme des mécanismes multiplicateurs d’opportunités de fécondité. J’ai exploré la coïncidence de l’évolution des transports – chevaux, canaux et chemins de fer – avec la croissance de la population en France et en Angleterre, dans la section « Technologie des transports et nombres de population en France », dans le « Chapitre sept : Évolution de la population française de l’Ancien Régime à l’après-Révolution ». Comme prévu, la croissance de la population a augmenté avec les nouvelles formes de transport et les connexions accrues en France, mais l’augmentation des formes et des connexions de transport était bien plus importante en Angleterre, tout comme la croissance de la population.
Franc-maçonnerie :
Ce livre a rendu disponibles en anglais des documents et recherches français sur la franc-maçonnerie, probablement pour la première fois dans certains cas.
La franc-maçonnerie était un phénomène évident à examiner en tant que possible fournisseur d’espace pour des discussions privées, sous forme de loges, dans un environnement social autrement dominé par l’Église et l’État.
Le livre de l’abbé Barruel, [2] alléguant une conspiration maçonnique généralisée derrière la Révolution française, avait rendu l’investigation académique de tout rôle de la franc-maçonnerie un peu risquée. Par conséquent, j’ai précisé que je n’affirmais pas une conspiration institutionnelle à grande échelle.
Mon hypothèse sur la manière dont l’activité révolutionnaire et républicaine française a pu persister sur plusieurs générations considérait toutefois les réunions secrètes – sans une grande conspiration institutionnelle – comme des moyens possibles et probables d’organiser une pensée et une activité contre l’establishment. Bien que cette époque fût marquée par des réunions secrètes et des sociétés correspondantes, la franc-maçonnerie se distinguait comme un mouvement international durable de grande envergure, caractérisé par une apparente confidentialité et la présence de multiples loges pour les réunions.
Selon les références de Jeanne Gilmore, [3] certaines loges maçonniques avaient été utilisées comme lieux de réunion pour initier des cellules de Charbonnerie, qui avaient semé d’autres sociétés secrètes, changeant leurs noms et lieux de réunion pour devancer la police, dans une pratique qui a perduré pendant des générations.
Sur cette base, l’utilisation des loges maçonniques semblait un point de comparaison évident dans ma recherche des raisons pour lesquelles la France a pu avoir une révolution démocratique et pas la Grande-Bretagne.
Malgré une récente tendance à rejeter la recherche sur les influences des loges maçonniques sur l’histoire moderne comme étant marginale, il existe un corpus croissant de travaux sur le sujet.
Ce livre a utilisé des documents français et anglais pour montrer que l’évolution du mouvement maçonnique en France, comme celle de la Révolution, présente un contraste frappant avec son développement dans l’Anglosphère.
Ce livre a documenté une pollinisation croisée entre les activistes néo-malthusiens et féministes et la franc-maçonnerie, suggérant que, à tout le moins, la franc-maçonnerie en France est devenue un refuge volontaire pour le mouvement de contrôle des naissances, que cette thèse soutient comme un vecteur majeur de la contre-culture révolutionnaire.
Dans ce livre, le rôle de la franc-maçonnerie, ou l’utilisation des loges maçonniques, dans l’activité révolutionnaire a été examiné pour l’Irlande, l’Écosse, l’Angleterre et la France.
- À partir de cela, l’Irlande semblait être l’utilisateur le plus probable et persistant des loges maçonniques à des fins révolutionnaires. L’Écosse, influencée par l’Irlande, semblait être un moindre prétendant pour la même chose.
- Nos investigations ont révélé que l’Irlande et l’Écosse avaient des connexions historiques dynastiques, commerciales (navigation, esclavage, mercenaires militaires) et de réfugiés avec la France, indépendamment de l’Angleterre.
- Jacques François Édouard Stuart (qui portait également les titres, de 1685 à 1688, de Jacques II d’Angleterre et d’Irlande, et de Jacques VII d’Écosse), plus tard connu sous le nom de Vieux Prétendant, et son fils, Jacques François Édouard Stuart, ont tous deux été décrits comme francs-maçons.
- L’Irlande avait des connexions révolutionnaires et maçonniques avec la France, ces dernières via une brigade militaire qui s’est transférée de manière permanente en France.
- La franc-maçonnerie a finalement survécu en Grande-Bretagne en cultivant une loyauté explicite envers le gouvernement et en décourageant tout soupçon de radicalisme en son sein, cherchant à se dissocier de la franc-maçonnerie française.
Bien que la méfiance académique envers la recherche sur la franc-maçonnerie persiste également en France, les recherches disponibles ont démontré que le mouvement lui-même était associé à l’ascension de Napoléon au pouvoir et était investi comme un pilier semi-officiel de l’empire de Napoléon.
Après la chute de Napoléon, la franc-maçonnerie française est devenue de plus en plus républicaine et athée, en contraste avec l’expérience britannique.
Alors que la franc-maçonnerie britannique et irlandaise excluait les femmes, la franc-maçonnerie française avait des loges féminines et mixtes, avant et après la Révolution.
Il y avait des preuves que des leaders du mouvement néo-malthusien étaient également membres de la franc-maçonnerie en France, suggérant ainsi la possibilité qu’ils utilisaient les loges pour réseauter.
Les leaders du mouvement maçonnique français étaient actifs dans la promotion de la légalisation de l’avortement en France au XXe siècle.
Forces de dispersion de la population en Grande-Bretagne (et en Irlande notamment) et au Canada français, contrastant avec la France :
En testant notre théorie selon laquelle les populations visqueuses ont une plus grande autodétermination, et donc un plus grand choix dans la taille des familles et une plus grande capacité pour la révolution, la « Partie quatre : Capacité révolutionnaire » a démontré de nombreuses forces et tendances de dispersion de la population qui ont atomisé les classes inférieures britanniques, tandis que les élites britanniques pratiquaient l’endogamie, l’homogamie et le sédentisme, consolidant ainsi leur position, leur propriété et leur pouvoir.
Néanmoins, l’union des différents royaumes en Royaume-Uni et en République d’Irlande a été difficile et prolongée, comparée à la consolidation relativement précoce de la France pré-révolutionnaire.
Les élites britanniques étaient également désorganisées dans de multiples guerres religieuses et de succession, interrompues par l’ascension de la bourgeoisie, menée par Cromwell, suivie d’une monarchie constitutionnelle et d’un parlement. L’industrialisation a également perturbé l’influence, la richesse et la sécurité de l’élite traditionnelle basée sur l’agriculture.
Depuis l’époque d’Henri VIII, l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande contenaient de multiples dissidents religieux et factions, en particulier dans les classes inférieures, par rapport à la France quasi mono-religieuse. Dans ce livre, il a été suggéré que cette situation aurait partiellement redirigé les énergies des différentes démographies des classes inférieures en Grande-Bretagne et en Irlande sous des bannières religieuses distinctes, plutôt que de les unir sous une seule bannière politique. Les élites britanniques étaient cependant entrelacées avec, et relativement unies sous, l’Église d’Angleterre.
La situation en France était très différente. L’Empire catholique romain, dans une certaine mesure successeur administratif de l’Empire romain, soutenait l’establishment dirigeant du roi et de l’Église en France, face aux guerres religieuses du XVIe siècle, jusqu’à la Révolution.
Le manque de diversité religieuse a probablement contribué à ce que la France aborde le jour de la Révolution avec plus d’unité politique au sein des différents états qu’en Grande-Bretagne : bien qu’il y ait eu des variations au sein de ces pôles, avec des républicains et des monarchistes constitutionnels, en 1789, globalement, on était soit pour, soit contre le roi et l’Église.
Ce travail a démontré que le Canada français et l’Irlande, en plus d’être dominés par un duo élitiste de monarchie et d’Église, étaient atomisés par de multiples facteurs :
- Au Canada français, les phénomènes exogames de migration internationale et de mariage mixte avec la population indienne offraient un contraste distinct avec la viscosité de la France continentale.
- À cela s’est ajouté plus tard le phénomène de cohabitation politique avec une population anglophone distincte lorsque le Canada français est passé sous le gouvernement britannique.
- Pour l’Irlande, en plus des effets atomisants du système britannique de tenure foncière et d’héritage, la discrimination religieuse et les guerres de colonisation avaient violemment dispersé et déplacé en masse la population catholique, tout en favorisant l’immigration protestante, en présence de divers dissidents religieux.
Une contribution originale de ce travail aux domaines de la théorie des révolutions et des sciences politiques a été ma comparaison entre le Québec, la France et l’Irlande, avant et après la Révolution française, concernant l’adoption du contrôle des naissances, les qualités de viscosité et d’autodétermination, et la capacité à mener une révolution à long terme.
Une contribution originale de ce travail a été, en plus de soutenir que la révolution démocratique a été rendue possible par la nature visqueuse des populations françaises, de suggérer que la « révolution démographique » précoce de la France (sans industrialisation), avec l’adoption massive du contrôle des naissances par tant d’individus à tous les niveaux de la nation, était une mesure de la propagation de l’autodétermination, une révolution en soi, accompagnant la révolution démocratique.
Une contribution originale de ce travail a été de noter comment le mouvement néo-malthusien ouvrier français du XIXe siècle indiquait davantage un niveau profond d’adoption des valeurs révolutionnaires démographiques en France.
Une contribution originale de ce travail a été l’observation que les mouvements de contrôle des naissances en France et en Grande-Bretagne différaient de plusieurs manières cruciales. Le mouvement de contrôle des naissances en France était un mouvement de base, accompagné d’un nouveau manque de respect, voire d’une violence terminale, envers l’autorité de la caste supérieure, dans le contexte d’une révolution démocratique. En revanche, en Grande-Bretagne, le mouvement de contrôle des naissances a eu lieu un siècle plus tard, dans un contexte politique qui favorisait la théorie eugéniste et ne représentait aucune menace réelle pour l’establishment politique, bien que cette classe endogame ait commencé à s’inquiéter des génétiques des mariages entre cousins. Le mouvement semble avoir été largement descendant, en partie concerné par l’amélioration du sort des classes inférieures en réduisant la taille de leurs familles, mais entaché par une branche cherchant à améliorer la société en réduisant le pool génétique des classes inférieures, selon une science génétique erronée de l’époque. Il est important de noter que le mouvement français plus démocratique du XVIIIe siècle semble avoir manqué de ces teintes classistes et eugénistes.
Une conclusion tirée par ce livre est que la suppression d’une caste supérieure contrôlante de nobles et de hauts ecclésiastiques aurait permis aux Français de chercher leurs propres informations et de mener leur vie par eux-mêmes. Mais pour y parvenir, la royauté et l’Église devaient être démystifiées. Le commerce florissant de la littérature de contrebande dans le nord de la France, porté par les colporteurs, en défiant la peine de mort, signifiait l’émergence d’une société soudée et autodéterminée, capable de s’organiser secrètement pour son propre bénéfice, à une échelle massive, contre une classe dirigeante fracturée, qui a finalement été renversée.
Une situation contrastante a été identifiée où la population francophone coloniale du Québec continuait de se soumettre à une élite laïque et ecclésiastique profondément interconnectée et autoritaire. L’investigation de cette situation a soutenu l’idée que l’interférence autoritaire pronataliste d’une élite dans une population peut influencer, non seulement l’autodétermination, mais aussi les tendances de fécondité, au détriment de la population affectée. La section sur l’Irlande catholique a renforcé cet argument.
J’ai suggéré que la dictature de la monarchie et de l’Église tirait profit de l’ingénierie politique persistante des familles françaises pour avoir plus d’enfants qu’elles ne pouvaient confortablement en élever. C’était une manière dont la caste supérieure pouvait induire un tel désespoir dans la caste inférieure qu’elle n’aurait d’autre choix que de travailler pour la caste supérieure. C’était un moyen de soumission. Le fait que ce comportement reproductif se soit modifié spontanément, après une révolution démocratique, a soutenu mon hypothèse que l’utilisation du contrôle des naissances est un indicateur de l’autodétermination, et que la présence d’une caste supérieure qui empêche l’information et l’accès au contrôle des naissances est un indicateur de désempowerment politique.
Ces observations pourraient être importantes pour comprendre pourquoi les populations atomisées dans les pays en développement n’accèdent pas à la contraception, malgré une pauvreté extrême, en présence d’Églises et de gouvernements qui découragent l’utilisation du contrôle des naissances, contrôlent les médias et l’éducation, et qui peuvent également inspirer la loyauté dans une population opprimée, selon la théorie de McQuillan.
De même, là où les élites orchestrent la croissance démographique par l’immigration de masse dans des pays apparemment démocratiques, nous devrions examiner qui contrôle les médias, l’éducation, l’idéologie et les symboles.
Ce livre a élaboré et confirmé de nombreuses différences entre les systèmes britannique et français de tenure foncière et d’héritage et leur impact sur la démographie, l’établissement et l’organisation politique.
Il a également montré comment la Grande-Bretagne, formée de royaumes, d’ethnies et de religions séparés et concurrents, a eu une consolidation beaucoup plus tumultueuse et tardive que la France de l’Ancien Régime. Cette histoire, et la fragilité structurelle sous-jacente du Royaume-Uni et de l’Irlande du Nord, étaient elles-mêmes des éléments atomisants, en plus des facteurs de dispersion de leur système de tenure foncière et d’héritage.
Une contribution originale de ce travail a été d’ajouter à la connaissance des différences entre la franc-maçonnerie en France par rapport à la franc-maçonnerie en Grande-Bretagne et dans d’autres parties de l’Europe. Cela impliquait une contribution à la connaissance du rôle de la franc-maçonnerie dans la Révolution française et le mouvement républicain français, et la possibilité qu’elle ait été impliquée dans le féminisme et dans le mouvement de contrôle des naissances en France au XIXe siècle, ainsi que plus tard.
Glossaire pour Land-tenure and the Revolution in Democracy and Birth Control in France par Sheila Newman
ATOMISATION : La fragmentation démographique ou sociale d’une société, la privant de liens significatifs ou de communication avec d’autres individus atomisés. Un système social qui met l’accent sur l’individualisme plutôt que sur les identités collectives ou de groupe. Fragmentation en petites unités.
ÎLES BRITANNIQUES : Ce terme désigne les masses terrestres composées de l’Irlande, de l’Irlande du Nord, de l’Écosse, de l’Angleterre et du Pays de Galles. C’est un terme pratique à utiliser car il n’est pas affecté par les nombreux changements de frontières politiques survenus au fil du temps.
GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE / BRITANNIQUE ET IRLANDAIS : Ces termes se réfèrent à leur aire géographique actuelle (2022) et sont utilisés sauf lorsque le livre traite plus spécifiquement de l’Angleterre, de l’Écosse, du Pays de Galles ou de l’Irlande, avant la République d’Irlande, ou lorsque le terme « Îles britanniques » peut être moins anachronique ou plus poétique. L’utilisation de ces termes est en partie une réponse au fait que beaucoup de recherches et d’opinions publiées se réfèrent à l’Angleterre ou à la Grande-Bretagne sans distinguer ses composantes, n’incluant ni explicitement ni implicitement l’Irlande. Les frontières politiques ont changé au fil du temps, et la situation ou le processus auquel je fais référence peut avoir des frontières incertaines ou ne pas être confiné à un seul pays ou à une seule période dans les Îles britanniques.
CHARBONNERIE (LA) : Société secrète organisée en cellules. Originaire d’Italie, elle a été imitée par les révolutionnaires en France. En France, les membres étaient appelés charbonniers. En Italie, ils étaient connus sous le nom de carbonari.
DISPERSION : Voyage ou migration loin de son lieu de naissance pour chercher un moyen de subsistance (territoire) et/ou un conjoint. La dispersion biologique désigne à la fois le mouvement des individus (animaux, y compris les humains, plantes, champignons, bactéries, etc.) de leur lieu de naissance à leur lieu de reproduction (« dispersion natale »), ainsi que le mouvement d’un lieu de reproduction à un autre (« dispersion de reproduction »).
ENDOGAMIE : Mariage ou accouplement au sein de la communauté locale, du clan ou de la tribu.
EXOGAMIE : Mariage ou accouplement en dehors de la communauté locale, du clan ou de la tribu.
JACOBITES : Mouvement des XVIIe et XVIIIe siècles soutenant la restauration de la lignée aînée de la Maison des Stuart sur le trône britannique.
JACOBINS : Membres de la Société des Amis de la Constitution / le Club des Jacobins, originaire des représentants de Bretagne à la réunion des États généraux de 1789. Influents dans toute la France.
PHILOPATRIE : La tendance d’un organisme à rester dans ou à retourner habituellement dans une zone particulière.
POPULATION : Les habitants d’un lieu, comme une ville, une région ou un pays. Peut également se référer à des clans, des tribus et des nations en tant que groupe relativement distinct d’intermariages.
PRIMOGÉNITURE : Loi ou coutume d’héritage où le premier-né est le principal ou le seul héritier de l’héritage parental et du titre. Dans la primogéniture masculine, tout est laissé au premier-né mâle. La primogéniture masculine était une loi en Grande-Bretagne depuis l’époque de Guillaume le Conquérant jusqu’aux années 1920. Dans la primogéniture britannique, les maris des femmes pouvaient hériter par l’intermédiaire de leurs épouses s’il n’y avait plus personne dans la lignée masculine de l’épouse.
RÉPUBLICANISME RÉVOLUTIONNAIRE : Mon terme pour la période de 1789 à 1871 en France.
SÉDENTISME : En anthropologie culturelle, la tendance d’une famille, d’un clan ou d’une tribu à rester dans le même lieu ou territoire. L’adjectif est « sédentiste ».
AUTODÉTERMINATION : L’autodétermination est utilisée dans ce livre de deux manières, d’abord en ce qui concerne l’individu, et ensuite en ce qui concerne un peuple. J’ai pris ma définition de l’autodétermination dans le Collins English Dictionary, 12e édition, 2014 :
- Le pouvoir ou la capacité de prendre une décision pour soi-même sans influence extérieure.
- (Gouvernement, politique et diplomatie) Le droit d’une nation ou d’un peuple à déterminer sa propre forme de gouvernement sans influence extérieure.
CAPITAL SOCIAL : Le niveau de confiance et de coopération dans une population.
GROUPE SYNTHÉTIQUE : Je veux dire « synthétique » par opposition à « organique », ou visqueux. Un groupe organique serait un clan, une tribu ou un village, habitant un territoire particulier pendant des générations et réseautant dans des activités politiques et économiques locales. Un groupe synthétique serait composé d’individus de différents clans et lieux se rassemblant dans un nouveau centre politique ou économique, comme un camp de réfugiés, ou une nouvelle ville minière ou industrielle.
ROYAUME-UNI : Ne comprend pas la République d’Irlande (Irlande du Sud), qui s’est séparée en 1922.
VISCOSITÉ : Dans les populations ayant les qualités de sédentisme et d’endogamie, ou une dispersion limitée. C’est-à-dire des populations ayant tendance à rester sur leur territoire natal et à se marier au sein de leur clan, tribu ou village. Habituellement, il y a un peu de migration sortante et entrante (exogamie), mais cela est mineur par rapport au taux d’endogamie. La parenté génétique d’une telle population est donc élevée.
EFFET WESTERMARCK : La tendance à un manque mutuel d’attraction sexuelle parmi les personnes (et probablement d’autres espèces) qui ont été élevées ensemble pendant la première partie de leur vie, même si elles ne sont pas liées par le sang. Si elles étaient liées par le sang, cela serait appelé « évitement de l’inceste ». (Ceci est aussi connu sous le nom de « tabou de l'inceste »). (Voir Annexe 1.)
NOTES
These few notes are just to give some background to the three specific names that occur in the Conclusion. There are several literature reviews in the book itself and hundreds of endnotes and a long reference list.
[1] McQuillan, Kevin, “When does religion influence fertility?”, Population and Development Review, Volume 30, Issue 1, March 2004. McQuillan sets out three rules for addressing the role religion may take in influencing fertility.[1]
- The religion in question must articulate behavioral norms that have linkages to fertility outcomes. These norms might include anything likely to influence reproductive behavior, including gender roles, pronatalist values, rules of marriage, as well as anti-contraception and abortion. Below I give examples of how the Church worked with the King to prevent conceptions outside wedlock.
- A religious group must possess the means to communicate its teachings to its members and to enforce compliance. Under the Old Regime, the Church and the King controlled education, writing and publications. The Church controlled the public messaging system via the pulpit all over France and often broadcast the King’s messages.
- Religious groups are more likely to influence the demographic choices of their followers when members feel a strong sense of attachment to the religious community. The French of the Old Regime were largely dependent on the Church for news and information, for education, health, welfare and moral teachings. The Church was embedded in their lives and in their symbolic universe, a situation which would receive challenges from enlightenment thinking.
[2] Abbé Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, circa 1797-1798
[3] Gilmore, Jeanne, La République clandestine, 1818-1848, Aubier Histoires, Paris, 1997
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